&lg
Autres
fiches

Fiche bibliographique



Tom Clancy
RED RABBIT


(alias Lièvre rouge - première version du titre - ou Lapin rouge - seconde version,toutes deux refusées.
Le titre américain est donc finalement resté car le bouquin a été racheté par la Paramount)
(Red Rabbit)
Deux volumes traduits de l'américain par Jean Bonnefoy

896 pages | ISBN 0399148701 | 5 août 2002 | Putnam Adult VF : 2 volumes, 432 et 416 pages | ISBN 2-226-14176-6 et 2-226-14181-2 | octobre 2003 | Albin Michel |2x 21,50 €


Ci-dessous, la fiche promotionnelle de l'éditeur américain, accompagnée d'un premier commentaire, révisé après la lecture du bouquin sur épreuves. (Manuscrit reçu le 10/7/2002, traduction paru en octobre 2003)

COMME UN LAPIN SORTI DU CHAPEAU...

Surprise de taille. Clancy revient là où on ne l'attendait pas. Avec un bouquin qui devrait ravir les fans de la première heure, nostalgique de Jeux de Guerre ou du Cardinal du Kremlin. D'autant que l'action se situe (justement) entre les deux, donc, chronologiquement, au début de la carrière de Jack Ryan. L'argument est simple : Andropov, chef du KGB, a décidé d'éliminer le pape. Igor Zaïtsev, obscur fonctionnaire des transmissions, a des scrupules et décide de monnayer sa défection en avertissant les services occidentaux. CIA et SIS britannique vont collaborer pour réussir son exfiltration. Se trouvant au Royaume-Uni, Ryan se voit bon gré mal gré embarqué dans une mission sur le terrain... En fait, sa première.

Il a 32 ans, il est encore jeune (tout comme Dan Murray, le couple Foley ou l'amiral Greer). Bref, on est bien loin du Ryan vieilli, ronchon et acariâtre dépeint dans l'Ours et le Dragon et surtout, Clancy s'éloigne du thriller militaro-technologique pur et dur pour renouer avec le récit d'espionnage classique, mêlant politique, suspense et psychologie.

Deuxième surprise, le bouquin est presque court et se lit d'une traite. Et pourtant, il n'était pas évident a priori d'intéresser le lecteur avec une rétro-fiction sur les sombres menées du KGB pour assassiner le pape. Mais voilà, c'est justement ce retour dans le passé pour situer l'action dans une tranche historique connue et parfaitement balisée (le début des années 80) qui donne force et crédibilité au récit, d'autant plus que, contrairement aux Clancy récents, partis dans une filière de "réalité alternative", on retrouve ici des personnages réels (Reagan, Brejnev, Andropov, Margaret Thatcher et surtout, évidemment, Jean-Paul II...), et que les événements vont bel et bien se dérouler comme on les connaît, c'est à dire que Ryan n'est pas James Bond et ne va donc pas parvenir à empêcher l'attentat... Et puisque cette fois l'auteur (et nous) connaissons le fin mot de l'Histoire (avec un grand H), il peut s'amuser à faire de la prospective. C'est aussi malin qu'efficace.
Mais, moins que le final (presque convenu) de l'attentat de la place Saint-Pierre (même si une ultime surprise attend bien sûr le lecteur), l'essentiel du récit repose sur la lente et minitieuse opération d'exfiltration de Zaïtsev, ses doutes et ses craintes et, en parallèle, les hésitations et la naïveté d'un Ryan (encore terrorisé par les vols en avion et détestant les armes à feu) qui découvre (avec réticence) l'action sur le terrain, se met à boire et fumer pour se donner du courage et oublier le stress de se retrouver séparé de son épouse... bref (et Clancy le souligne à l'envi avec un plaisir gourmand), tout l'opposé du héros de cinéma ou de l'espion à la James Bond, superman séducteur omniscient et omnipotent. Tout cela donne en définitive les ingrédients d'un roman d'espionnage "classique", solidement construit, ancré dans la Guerre froide, dans la lignée (mais petit bras) de John Le Carré, Jack Higgins ou Robert Ludlum.

Le roman est sorti en deux volumes au Livre de Poche en octobre 2005. Prix : 6,95 € le volume.

QUELQUES CRITIQUES ANGLO-SAXONNES
Il faut noter (une fois n'est pas coutume !) quelques critiques en forme de volées de bois vert dans la presse anglo-saxonne. On trouvera :
  • celle du Washington Post, en cliquant ici,
  • et celle du Guardian, en cliquant ,
  • tandis que chez USA Today, si l'on se montre un peu plus nuancé, on reste toujours assez dubitatif...

Clancy n'est certes pas John LeCarré, mais ça, seuls les Américains semblaient l'ignorer encore, et après tout, si avec ce dernier roman Clancy pose un lapin, c'est surtout aux amateurs de James Bonderies au premier degré : action, séduction et castagne...

FICHE PROMO DE L'ÉDITEUR AMÉRICAIN

" Bien avant de devenir président ou chef de la CIA, bien avant de contrer les attaques terroristes contre le Super-Bowl (La Somme de toutes les peurs) ou la Maison Blanche (Dette d'Honneur, Sur Ordre), bien avant même qu'un sous-marin baptisé Octobre rouge n'effectue sa périlleuse traversée de l'Atlantique, Jack Ryan était un ex-marine (versé dans la réserve après un accident d'hélicoptère qui lui a laissé une trouille bleue des déplacements en avion), qui a fait fortune à la Bourse, et devenu docteur en histoire et enseignant à l'académie navale d'Annapolis, en déplacement en Angleterre dans le cadre de recherches en vue de sa prochaine publication universitaire.

A la faveur d'une série d'affrontements meurtriers avec un groupe dissident de l'IRA (Jeux de guerre), il avait attiré l'attention aussi bien du directeur adjoint de la CIA, le vice-amiral James Greer, que de son homologue britannique au sein des SIS, Sir Basil Charleston. Aussi, lorsque Greer lui demande s'il désirait reprendre du service au titre d'analyste indépendant, Jack s'empresse d'accepter. L'occasion est trop belle, et il pense pouvoir sans peine faire cadrer cette mission avec le reste de ses activités.

Et puis Jack oublie bien vite celles-ci, quand l'une de ses premières missions s'avère être de participer à l'interrogatoire d'un transfuge du KGB. Car l'homme lui narre une histoire incroyable : des responsables soviétiques du plus haut niveau - jusques et y compris le premier secrétaire Youri Andropov prépareraient l'assassinat du pape Jean-Paul II.

Info, intox ? A mesure que passent les jours et les semaines, Ryan doit se battre, d'abord pour tenter de trouver des éléments de preuve et ensuite, surtout, déjouer ce complot. Mais le voilà confronté à la dure réalité, et rien de ce qu'il n'a connu et fait jusqu'ici ne l'a préparé à ce meurtrier jeu du chat et de la souris que se livrent les Etats-Unis et l'Union soviétique. Or au bout du compte, ce n'est pas seulement la vie du pape mais bien la stabilité du monde occidental qui est en jeu... et qui sait s'il n'est pas déjà trop tard pour cet analyste de la CIA encore novice  ?"

APRES L'OURS ET LE DRAGON, VOICI LE LAPIN...

Bobine TC
Voilà, vous n'avez pas rêvé...
C'est bien le résumé du nouveau Tom Clancy-Jack Ryan, à paraître chez Berkley Putnam le 5 août prochain. Pendant que les "collaborateurs" se plongent avec délices dans le techno-thriller futuriste (PowerGames), la cyber-SF (Net Force et Net Force Ados) et la géopolitique fiction pas si fictionnelle que ça (Op-Center), ce brave Tom semble se serait-il pris un coup de blues pour nous refaire lui aussi le plan rétro-futuriste des prequels (antonyme de sequels, suites...), à l'instar d'Asimov (les divers préludes à Fondation) ou de George Lucas (les épisodes I à III de StarWars). On avait déjà eu Sans aucun Remords, paru en 94 mais situé chronologiquement bien avant les épisodes déjà publiés. En l'occurrence, avant même la rencontre entre Jack Ryan et John Clark. Mais ne faisons pas de procès d'intention à TC. Après tout, ce n'est pas de sa faute si les producteurs hollywoodiens sortent maintenant leur adaptation de la la Somme de toutes les peurs (roman publié tout de même il y a onze ans...), en faisant comme si c'était la première œuvre opportuniste surfant sur les décombres du 11 septembre...

C'est que pour un auteur comme Clancy, il devient de moins en moins évident de refaire corréler avec la réalité une trame géopolitique qui a commencé à diverger depuis Jeux de Guerre pour trouver son apogée avec l'Ours et le Dragon : celle d'un ordre mondial où Ryan est président des Etats-Unis depuis pas mal d'années, où le désarmement nucléaire a eu lieu mais où la plupart des régions du monde ont été déjà ravagées par quantité de catastrophes diverses... N'oublions pas que dans cette trame parallèle, la planète a en effet connu depuis un bail la plupart des menaces qu'elle semble seulement (re)découvrir aujourd'hui : narco-trafiquants (Danger immédiat), terrorisme nucléaire (La Somme de toutes les peurs), guerre économique avec le Japon et attentat à l'avion suicide contre la Maison-Blanche (Dette d'Honneur), nouvelle guerre du Golfe et bio-terrorisme (Sur Ordre), mouvements sectaires et éco-terrorisme (Rainbow Six), conflit frontalier sino-russe et entrée de la Russie dans l'Otan (l'Ours et le Dragon).

Donc, à part l'arrivée de hordes extra-terrestres hostiles (mais le thème a été par trop rebattu par les écrivains des années 30 à 50, relayés ensuite par Holywood), la seule issue pour l'auteur (et son héros) était donc de botter en touche. On va donc découvrir un Ryan débutant face enfin son seul et unique vrai rival (après Dieu), à savoir le pape. Tout un symbole.


Remarque chronologique : Au sujet de la Somme de toutes les peurs, notons encore une fois l'immense culture littéraire des chroniqueurs radio-TV (encore un exemple : France Inter le 13 juin 2002, 5h35) qui parlent de "l'Addition de toutes les peurs", (sic) et laissent entendre que Tom Clancy n'est pas soupçonnzable d'opportunisme... puisqu'il a écrit le scénario (le roman a disparu...) de ce film "abracadabrant" (re-sic), "peu avant le 11 septembre" (re-re-sic)...

Les commander sur Amazon :

Les exégètes tatillons, bibliothécaires scrupuleux, fans gravement atteints et autres maniaques du C-V exhaustif trouveront ici une liste bibliographique (à peu près) complète.

cette page © 2002-2004
^