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Fiche bibliographique



Tom Clancy & Steve Pieczenik présentent (roman écrit par Jeff Rovin)
OP-CENTER 12 : LE COMBAT DES AIGLES (titre provisoire)

(War of Eagles)

Série Op-Center
à paraître | VO 400 p. |


L'hémorragie continue à l'Op-Center : Paul Hood reçoit une "promotion limogeage"... juste au moment où une guerre des clans à la tête de l'empire chinois menace la paix mondiale

War of Eagles
Manifestement, la tendance amorcée lors des épisodes précédents de la série (comme du reste des autres) se confirme : on assiste à un renouvellement complet (et pas seulement des effectifs, comme vous pourrez le constater dans ma "revue de détail")... mais le style, les thématiques, ont changé (sans pour autant qu'en apparence la construction du récit n'en soit bouleversée). A mon avis, il est indéniable que ces épisodes "annexes" sont décidément bien plus créatifs et passionnants que les aventures d'un Jack Ryan (père ou fils) décidément bien usé. On sent là que les auteurs (Jeff Rovin pour Op-Center, Perry/Segriff pour Net Force, David Michaels pour Splinter Cell, et (le premier touché par ce syndrome bienvenu), Jerome Preisler pour Power Plays) volent désormais de leurs propres ailes : serait-ce parce que les éditeurs leur ont laissé la bride sur le cou ou (mais l'un n'exclue pas l'autre) tout simplement parce que désormais, leur nom est affiché en couverture, ce qui, vous en conviendrez comme moi, reste pour tout auteur, la plus puissante des motivations... Berkley Books , Copyright : Jack Ryan Ltd Partnership, juin 2005. 416 pages | ISBN 0425199622 | calibrage : 853 000s / trad : 956 000s soit 635 f°. Le port de Charleston. Soudain, un soir, une explosion gigantesque : l'enquête déduit rapidement qu'il s'agit d'un cargo chinois — qui plus est rempli de travailleurs clandestins… suivent des explosions tout aussi spectaculaires et inexplicables, en Afrique du Sud (des silos de sucre) et à Taïwan (une boîte de nuit). Seul point commun : à chaque fois, des intérêts chinois sont en jeu. Dans le même temps, la Chine s’apprête à lancer un satellite de télécommunications fabriqué par une entreprise euro-américaine dont le consultant pour la sécurité n’est autre que… Mike Rodgers (dont on sait qu’il fut viré de l’Op-Center dans un épisode précédent)… Mais alors que l’Op-Center cherche déjà à enquêter, Paul Hood apprend son éviction de la tête du service pour être bombardé « conseiller spécial pour la sécurité auprès du président » tandis que l’Op-Center est désormais repris en main par l’armée (avec, à sa tête, désormais, une femme général aux méthodes musclées). Déjà entravé par les coupes budgétaires et le discrédit qui le minaient au niveau gouvernemental (épisode 10), sans parler des dégâts subis lors de l'attaque par une impulsion électromagnétique qui a saboté ses ressources techniques (épisode 11) l'Op-Center va devoir improviser avec les moyens du bord… D’autant qu’en Chine (on l’aura compris), la situation empire puisque très vite, on découvre que les troubles sont dus à deux factions rivales (en gros, les communistes traditionalistes, héritiers de la pensée de Mao, d’un côté, les « progressistes » tendance libéralisme à tout crin de l’autre), chaque camp cherchant à déstabiliser l’autre pour reprendre le pouvoir et ce, par tous les moyens : les explosions et attentats à l’étranger n’étaient qu’un avant-goût, le clou du spectacle devant être de faire exploser au lancement le satellite euro-américano-chinois (porteur, incidemment, d’un générateur au plutonium, d’où pollution nucléaire généralisée) afin de faire d’une pierre deux coups (et même trois) : éliminer la faction venue assister au lancement en grande pompe, déstabiliser les relations avec l’étranger et surtout, faire porter le chapeau à Taïwan et en tirer prétexte pour déclencher un conflit avec la province dite rebelle. In fine, Paul Hood, le général Rodgers et Bob Herbert réussiront, contre toute attente, à déjouer le complot… Ils y gagneront certes les félicitations présidentielles mais au prix d’un redoublement de l’ire des bureaucrates (en particulier de l’état-major interarmées) puisque, une fois encore, ils auront agi « en électrons libres », faisant fi de toute hiérarchie : résultat des courses, ce sera au tour de Bob Herbert de se retrouver viré. On l'aura compris, la tendance déjà esquissée avec Op-10 et 11 se confirme, voire même s’accentue, au point que la vision manichéenne libérale de droite des premiers épisodes laisse quasiment place désormais à une tendance libérale de gauche, à croire que Jeff Rovin est le « nom de plume » de Richard Clarke sinon de Michael Moore...
Avec le départ de Bob Herbert, on assiste à une sorte de grand brassage (comme on l'a vu naguère avec Net Force), qui pourrait certes désarçonner les habitués de la série, accoutumés aux confessions intimes et aux états d'âmes de leurs héros… Mais d'un autre côté, de nouvelles pistes s’ouvrent : ainsi, a-t-on la confirmation (on se croirait dans Harry Potter !) que Liz Gordon, la psy du centre, est lesbienne et aurait plus que des visées sur sa nouvelle patronne (la décidément bien séduisante générale Carrie), bref, encore de croustillants démêlés psychologiques en perspective…
Comment empêcher qu'au douzième épisode, l'auteur ne se sente pas l'envie de faire éclater le carcan pour frayer de nouvelles pistes. C'est si rare dans ce genre de littérature que cela mérite d'être souligné.
Et il ne fait pas de doute qu'avec l'évolution abordée depuis plusieurs épisodes, la série peut sans aucun doute se gagner une nouvelle frange de lecteurs, d’autant que, cela se confirme encore, le style est bien plus libéré et moins convenu, humour, connotations psychologiques bien plus justes, maturité des personnages qui cessent d’être des archétypes tout juste dignes d’un jeu vidéo pour révéler leur complexité – sans pour autant que cela nuise au déroulement de l’action – tandis que les questions traitées deviennent plus adultes (et surtout plus intéressantes pour un public européen éclairé), ainsi, les jeux de pouvoir au sein de l’administration américaine ou, plus généralement, des questions sinon plus philosophiques du moins plus éthiques : à savoir, la fin ou les moyens, faut-il agir seul intelligemment ou suivre bêtement la voie hiérarchique, quels sont les conflits d’intérêt entre public et privé, la fidélité à la parole ou à l’État, la priorité donnée aux intérêts commerciaux ou aux droits de l’homme, la sécurité « égoïste » des États-Unis ou la stabilité du monde… tous thèmes éminemment d’actualité.
Une phrase pourrait résumer l’esprit de cet excellent épisode : quand la générale Carrie fait remarquer à Bob Herbert que par son action et celle de ses amis, l’Op-Center a « exposé » des espions américains infiltrés : « c’est déjà un progrès, d’habitude, on faisait tuer nos unités sur le terrain »…
Extrait d'une fiche de lecture établie le 18/2/08

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 Op-Center est une série imaginée par Tom Clancy avec Steve Pieczenik, écrite par Jeff Rovin.


Les exégètes tatillons, bibliothécaires scrupuleux, fans gravement atteints et autres maniaques du C-V exhaustif trouveront ici une liste bibliographique (à peu près) complète.

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