Après son poétique
Divine Endurance dont le climat semble avoir inspiré Neal Stephenson pour son
Âge de Diamant, la jeune native de Manchester signe un autre roman original par son traitement, variante sur le thème classique en S-F (du
Meilleur des Mondes à
Humanité et demie en passant par
1984) du clivage social et des castes.
Etrange voyage en Envers, en effet, que ce
Plans de fuite : dans un futur non situé (mais assez proche), Ventur est la ceinture orbitale permanente qui veille à la survie de la Terre, il est du dernier chic pour l'élite de descendre faire du tourisme en Envers, le monde de la surface planétaire, un sous-mnde des "numéros", qui fait fortement songer au sous-continent indien avec sa pauvreté et son système de castes. Normal : la terre est devenue un gigantesque sous-continent indien, qui plus est soumis à la dictature informatique et policière de CHTHON, le système qui gère en permanence l'existence et le sort des numéros tout en veillant à la sécurité des visiteurs descendus de Ventur.
Mais dans ce système bien huilé, un élément détonne, c'est Helena, l'idole des médias, dont Alice, une Venturière un peu trop curieuse, va découvrir qu'elle n'est pas reliée à CHTHON... Helena qui va bien sûr devenir l'icône d'un mouvement révolutionnaire visant à affranchir les numéros de leur esclavage.
Sur une trame somme toute presque convenue, Gwyneth Jones a su bâtir un roman ambitieux et poétique à l'écriture savamment travaillée (et N.d.T. pas évident du tout à traduire) à l'écriture ambitieuse qui préfigure l'univers fertile du mouvement cyberpunk. On y trouve en particulier ce goût exacerbé pour la terminologie, des sigles et
acronymes exotiques (L'une des langues parlées dans ce monde est l'
acronymique qui est une constante du genre, mais ici porté à un niveau de poésie délirante qui n'aura d'équivalent que chez
Effinger (avec sa
trilogie de Marîd Audran) ou
Womack (chez qui l'on retrouve du reste également cette thématique du héros médiatique rédempteur.
On peut regretter que malgré la superbe (et aguicheuse) couverture de Sato Yamamoto, ce roman n'ait rencontré qu'un succès d'estime.