Jack Higgins est un vieux briscard du polar britannique, oscillant dans ses meilleurs crus entre Graham Greene et John Le Carré et dans les moins bons, entre Ian Fleming et Tom Clancy (ce qui n'est quand même pas si mal). Depuis The Eagle has Landed (finement traduit : l'Aigle s'est envolé), il sort d'ailleurs les romans au même rythme que les deux derniers auteurs cités... Depuis le temps, donc, on a fini par connaître son héros Sean Dillon, son passé dans l'IRA, son intégration dans les services britanniques et son goût pour le whisky irlandais (servi par son domestique ex-Gurka).
Cette fois, il a maille à partir avec des fanatiques israéliens d'extrême-droite qui ont enlevé la fille naturelle d'un ancien militaire américain, fruit de ses amours furtives avec une Française, vingt ans auparavant, dans la Saïgon alors en guerre... Et pourquoi les fourbes ont-ils enlevé ladite donzelle ? Parce que son père entretemps, a fait carrière dans la politique pour devenir président des Etats-Unis. Bref, gros chantage politico-stratégique en perspective. C'est d'ailleurs pourquoi Sean Dillon se voit épauler d'un homologue américain, Blake Johnson, pour démêler le sac de noeuds.
Une intrigue plutôt bien menée, si on est prêt à faire l'impasse sur le réalisme...
A ce propos (comme du reste avec d'autres auteurs de la même mouvance, suivez le regard pervers du traducteur), question réalisme, on peut signaler que la VO du bouquin offre un assez réjouissant florilège de perles rares - en particulier, dans tous les passages qui se déroulent à Paris ou qui décrivent le fonctionnement de la justice ou des institutions... Il semblerait que pour les auteurs anglo-saxons, la Manche soit parfois aussi large que l'Atlantique : la France est un pays étrange, exotique et lointain.
La version d'origine est sortie chez Albin Michel en 1998.

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