&lg
Autres
fiches

Fiche bibliographique



Tom Clancy & Steve Pieczenik présentent (roman écrit par Marc Cerasini)
NET FORCE ADOS 3 : ECHAPPEE DANS L'EXTREME

(The Ultimate Escape)
Traduit de l'américain par Jean Bonnefoy
LIVRE DE POCHE / ALBIN MICHEL 17177
Série Net Force
avril 2001 | 255 p. | 29 F


Nfa_3
[volume 4 de la VO. Titre originel en VF : ULTIME DÉLIVRANCE]
Aux commandes de leur Sopwith Camel, leur P-51 Mustang ou leur F-15, des adolescents fanatiques d'aviation se refont la Bataille des Ardennes, les bombardements sur la Ruhr ou la guerre en Bosnie de 2007... Simulation ? Oui. En 3D virtuelle. Et lorsqu'on est connecté par implant, tout peut arriver... Y compris, entendre l'appel au secours d'un copain, détenu dans la prison mentale électronique d'une dictature bananière, isolée du monde et du Réseau. Mais nous sommes en 2030, et la NetForce veille...
2030 : Le jeune Julio Cortez revient à son pays natal, le Corteguay, une petite île caraïbe, une "démocratie socialiste" située au large des côtes du Surinam, véritable Albanie du XXIe. Il accompagne son père, candidat à la présidence. Mais les élections sont truquées eet les Cortez se retrouvent emprisonnés et torturés par des moyens électroniques sophistiqués... Comment alerter l'opinion quand la dictature au pouvoir a banni toute technologie moderne, Internet, holo graphie, réalité virtuelle, communications par satellite, interdisant tout lien avec l'extérieur ? Mais Julio est un fan des jeux de simulation sur le réseau... Alors, pour sauver les siens, il s'évade dans la réalité virtuelle où il réussit à contacter ses amis Explorateurs de la NetForce qui participent à un tournoi international de simulation de vol. Pour les libérer, ces adolescents vont devoir se livrer à des combats aériens virtuels et se retrouver confrontés à de véritables adversaires venus du réel pour traquer Julio et l'empêcher de divulguer la vérité ! Et le temps presse... car dans le même temps, dans le monde réel, des plongeurs-commando américains s'apprêtent à intervenir pour délivrer les prisonniers...
2030 : Après les jeux de guerre médiévaux (Un Jeu très meurtrier), après le piratage de réseaux (Vandales virtuels), ce troisième volet de la série emmène le lecteur dans l'univers des simulateurs de vol. On y retrouve les personnages du tome 2 (la bande de jeunes : Matt Hunt, Andy Moore, David Gray et leurs copains...) En revanche, le capitaine James Winters, l'officier de liaison des vol 1 et 2, n'apparaît pas dans cet épisode (mais il est excusé officiellement : il serait "en déplacement") et c'est le patron de la NetForce, Jay Gridley qui le remplace. Bref, la série s'organise dans le sens d'une certaine homogénéité (après la thématique commune : le virtuel sous tous ses aspects, on retient la continuité des personnages et un (timide) début d'unification des concepts techniques et néologismes -- veeyar ou Ervé, etc. Ainsi que la continuité chronologique : on est après 2025, aux environs de 2030... d'ailleurs Matt Hunter, l'aîné de la bande, approche les 20 ans).
Passé les prémices qui peuvent être discutables (outre le discours habituel sur l'hydre socialiste et les méchants crypto-castristes, on peut douter du réalisme d'un État réussissant à pousser l'isolationnisme technologique jusqu'à empêcher toute connexion avec l'extérieur de ses frontières), cette réflexion sur le parallèle entre liberté de communiquer et liberté tout court ainsi que sur la manipulation médiatique est assez bien venue. On peut y ajouter un thème fort, celui de la manipulation "cybernétique" des prisonniers politiques...
Cet épisode marque à l'évidence une « progression » vers une écriture et une thématique plus adultes. Si les héros sont les mêmes (des ados et post-ados de 13 à 20 ans...), l'univers dans lequel ils évoluent est plus rude. D'abord, il est politisé. On quitte le cocon familial ou urbain, ambiance sitcom, pour aborder le thème de la géopolitique (une dictature communiste réfractaire aux technologies de l'information en tout genre, la manipulation des masses, la justification de l'intervention des États-Unis en Amérique du sud), pour revoir l'Histoire contemporaine (de la guerre de 14 à la guerre de Bosnie de 2007, ça c'est l'aspect didactique "Belle histoire de l'Oncle Paul") et se poser de vrais questionssur le prix de la vie et celui de l'honneur, la notion de sacrifice...
OUPS ! ou LE PARADOXE DU REALISME EN VIRTUEL
Un lecteur sagace (Alain Detilleul, de Mennecy) a relevé deux erreurs dans cette simulation recréée par les jeunes nerds du roman : page 73, en 1941, on ne catapultait pas depuis les porte-avions, les appareils décollant par leurs propres moyens. Les catapultes n'étaient utilisées que sur les cuirassés et gros croiseurs pour lancer des hydravions. Page 77, le Soryu n'est pas le sister-ship de l'Akagi mais du Hiryu, spécialement construits comme porte-avions de 10/15000 tonnes, l'Akagi étant un ancien cuirassé de la 1re Guerre mondiale reconverti en gros porte-avions de 40 000 tonnes, avec pour sister-ship le Kaga.
Donc acte. Mais comme je l'ai fait remaraquer à ce lecteur pointilleux qui s'étonnait de telles erreurs (!), la bataille de Midway décrite est une bataille dans une simulation sur Internet créée par des ados américains de l'an 2025... On peut les excuser de ne pas tout savoir, et même de se tromper délibérément en recréant ce qui n'est après tout qu'un univers parallèle consacré au jeu. C'est tout le paradoxe de ce vrai/faux hyper-réalisme décalé qu'on trouve illustré à merveille dans les films ou séries de mangas techno-historico-politiques comme Jin Roh ou The Cockpit, ou les recréations parallèles telles que Porco Rosso ou les Ailes d'Honneamise, pour se cantonner au domaine de l'aéronavale...
Fait marquant : pour la première fois dans cette série, il y a de vrais morts (puisque, en parallèle aux combats aériens virtuels, on a droit à une infiltration et un assaut des SEALs, qui tuent pour de bon sur le terrain) mais surtout, coup de théâtre inattendu, le héro du récit, le jeune Julio se sacrifie pour sauver sa famille et ses camarades... Note d'espoir adoucissant cette fin cruelle, on laisse entendre qu'il vit désormais éternellement dans la mémoire du réseau, hantant les simulations du Web, tel le Hollandais volant à bord de son Vaisseau fantôme. En l'occurrence, ce serait plutôt le Baron rouge.
En définitive, passé un certain schématisme inhérent aux contraintes de la série, un épisode attachant, plutôt bien écrit (rythme enlevé, sans longs tunnels bavards), à l'intrigue simple mais bien charpentée.

Le commander sur Amazon : Net Force, tome 3 : Echappée dans l'extrême

Les exégètes tatillons, bibliothécaires scrupuleux, fans gravement atteints et autres maniaques du C-V exhaustif trouveront ici une liste bibliographique (à peu près) complète.

cette page © 2002-2004
^