Récit de la vie aux Etats (policiers) (dés)unis à la fin du siècle (dernier, déjà, mais le manuscrits du roman date de 1978). Défense de chanter, défense de planer, défense de VOLER... Car la clé du chant vous ouvre la clé des champs, celle de l'univers mental où dérivent les fées (et les folles).
A travers l'itinéraire de Daniel Weinreb, éternel adosolescent indécis, c'est par ses yeux l'image cruelle de lendemains qui déchantent que nous donne à voir Thomas Disch, avec ce portrait d'une Amérique apocalyptique, état-flic fasciste et déglinguée, étrangement redevenu d'actualité en ce début de siècle, une Amérique de flics véreux et de policiers vertueux, de putes et de prélats, où cohabiteraient la famille Busch Jr et les Taliban.
Souvenir perso : j'ai dû traduire le roman sur manuscrit -- dactylographié, crayon-billé et crayonné par Disch... Je n'ai eu l'édition originale reliée qu'après la parution de la traduction en Présence du Futur, début 80. A l'époque, Elisabeth Gille m'avait dit "A présent, il faut que tu te lances avec un grand auteur... qu'est-ce que tu dirais de traduire le prochain Disch ?" Une telle marque de confiance m'avait laissé sans voix, moi qui n'aurais jamais encore osé m'attaquer à un tel maître, l'auteur, entre autres de
Génocides et
Camps de concentration (OPTA, Club du Livre d'Anticipation) que je plaçais (et place toujours) à l'égal de Dick, Silverberg ou Vonnegut.
Encore un détail, si je n'avais pas pris le Disch, mon programme prévoyait traduire le premier roman d'un jeune auteur américain alors inconnu que j'avais remarqué au comité de lecture. Il s'appelait Bruce Sterling, et le roman devait s'appeler en français
La Baleine des Sables. Je devais retrouver Sterling quelques années et quelques bouquins plus tard.